Mr. Thake : Les tribulations, -les infortunes et les déboires -d’un gentleman anglais

Pour surmonter la morosité ambiante, le meilleur remède n’est-il pas de s’offrir une petite dose de loufoquerie ? C’est ce privilège dont ont bénéficié pendant cinquante ans, jusqu’en 1975, les lecteurs du Daily Express en découvrant les aventures de Mr. Thake. Ce personnage était fait pour se retirer dans un coin paisible de la campagne anglaise, au lieu de s’obstiner à parcourir le monde. Mais sa galanterie obsessionnelle et sa conviction d’incarner la grandeur britannique présentent au moins un avantage, nul besoin pour lui de décliner sa nationalité.
Ses voyages offrent à ce gentleman plutôt fortuné l’occasion de rédiger des chroniques mondaines. Pour son seul plaisir, car sinon il « croulerait sous les offres d’emploi ». Il y déploie un style délicieusement ridicule, ampoulé, truffé de métaphores grotesques qui trahissent sa vanité littéraire.Mr. Thake a l’art de parer chaque femme qu’il rencontre de toutes les grâces et de toutes les vertus. Cela se termine par un « Salut, mon pigeon » car les dames ne sont pas si désintéressées. Ces déboires sont amplifiés par l’échec d’invraisemblables défis : investir dans les champs pétrolifères, réaliser un film nécessitant l’achat de tonnes de sable et d’un troupeau de chameaux, organiser un combat de boxe où les deux adversaires termineront réciproquement KO.Mais ce grand naïf a des prises de conscience vertigineuses. Peut-être n’est-il « qu’un homme maladroit, fruste et vieillissant » ?Plus il déchante, plus il est drôle. Les petits textes de J.B. Morton sont un modèle de cocasserie, un vrai fatras humoristique fait d’un déferlement de déconvenues venant buter sur le flegme de Mr. Thake. Pas étonnant qu’ils aient inspiré les Monty Python. Selon J.B. Morton « rire de bon cœur a un côté très chic ». Soyons reconnaissants à Mr. Thake de rendre ce chic très abordable…
Mr.thake ou les tribulations, les infortunes et les déboires d’un gentleman anglais
de john bingham morton
Traduit de l’anglais par Thierry Breauchamp
Le Dilettante, 288 pages, 20 €